Chronologie

La GRC au fil du temps

Partons à la découverte de l’histoire de la GRC

1867 | 1870 | 1873 | 1874 | 1877 | 1885 | 1887 | 1894 | 1896 | 1897 | 1900 | 1903 | 1904 | 1910 | 1917 | 1919 | 1920 | 1926 | 1928 | 1931 | 1932 | 1933 | 1937 | 1940 | 1949 | 1966 |
1967 | 1969 | 1973 | 1974 | 1982 | 1991 | 2012 | 2017 | 2020 | 2022 | 2023 | 2024

1867

Le Canada devient un pays le 1er juillet. Il n’est alors composé que de quatre provinces :

  • Ontario

  • Québec

  • Nouveau-Brunswick

  • Nouvelle-Écosse

Haut de la page

1870

Le Canada achète la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ces deux régions deviennent alors les Territoires du Nord-Ouest.

À cette époque, les Territoires du Nord-Ouest sont principalement occupés par des groupes autochtones qui se gouvernent eux-mêmes, avec leurs coutumes. Il n’y a pas de police ni de système judiciaire en place. Le premier ministre John A. Macdonald, inquiet de ce qu’entraînera l’arrivée des colons dans la région, esquisse un plan de corps policier responsable de maintenir la paix.

De 1670 à 1870, la Compagnie de la Baie d’Hudson a son aire de traite sur la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest, où elle chasse et piège des animaux pour le commerce des fourrures. Le 15 juillet 1870, la Terre de Rupert et le Territoire du Nord-Ouest sont réunis pour devenir les Territoires du Nord-Ouest. Une petite partie du territoire devient quant à elle la province du Manitoba. 

Haut de la page

1873

23 mai : Le gouvernement du premier ministre John A. Macdonald adopte l’Acte de la police à cheval qui permet la création d’une police à cheval dans les Territoires du Nord-Ouest.

1er juin : Dans les collines Cypress de l’Alberta et de la Saskatchewan, un groupe de chasseurs et de commerçants de whisky attaquent un camp d’Assiniboines. Au moins 20 membres de la Première Nation Assiniboine sont tués. Cet événement, qui sera appelé le massacre de Cypress Hills, met en relief la nécessité d’une police dans les Territoires du Nord-Ouest.

Août : Cent cinquante recrues du nouveau corps policier sont envoyées à Lower Fort Garry (une région proche de l’actuelle Winnipeg). Cent cinquante autres arriveront au printemps.

Haut de la page

1874

Marche vers l’Ouest : Les 300 hommes qui composent la Police à cheval du Nord-Ouest traversent les Prairies à partir du Manitoba. Les vestons rouges qu’ils portent lors de cette expédition s’intégreront à l’uniforme caractéristique de la Police.

Premier uniforme officiel de la Police à cheval du Nord-Ouest en 1874. Faisaient partie de l’uniforme le veston rouge emblématique (ce qu’on appelle la tunique rouge), un pantalon, des bottes Wellington noires et une casquette sans visière. La casquette sera plus tard remplacée par le stetson à grande passe qui fait toujours partie de l’uniforme de la GRC aujourd’hui.

Uniforme actuel de la GRC. Source : Kurayba, RCMP March, 2012, Flickr.

Au cours des années suivantes, les agents de la Police à cheval du Nord-Ouest établissent des forts et des avant-postes dans ce qui deviendra plus tard la Saskatchewan et l’Alberta, tout en établissant des relations avec les Autochtones, les éleveurs et les colons locaux.

Haut de la page

1877

James Macleod, commissaire de la Police à cheval du Nord-Ouest, participe aux négociations et à la signature du traité 7 entre la Couronne et cinq Premières Nations :

  • nation des Siksika;

  • nation des Kainai;

  • nation des Piikani;

  • Première Nation Stoney Nadoka;

  • nation des Tsuu T’Ina.

James Macleod. Il a été commissaire de la Police à cheval du Nord-Ouest de 1876 à 1880. Source : Chambers, E. J., The Royal North-West Mounted Police: A Corps History, 1906, Montréal, Canada.

Les plans pour le chemin de fer du Canadien Pacifique étant déjà avancés, le gouvernement doit signer des traités avec ces Premières Nations des Prairies pour que la colonisation et les travaux puissent avoir lieu. Après la signature d’un traité, les membres des Premières Nations reçoivent de l’argent et du bétail et emménagent dans des réserves.

Il ne fait plus aucun doute aujourd’hui qu’il y a eu de nombreux malentendus sur l’objectif du traité. Le gouvernement voulait les terres pour construire le chemin de fer tandis que les Autochtones considéraient le traité comme un traité de paix et non comme une cession de terres. Ils avaient en vue les engagements à long terme du gouvernement, en particulier ses promesses de les instruire et de leur donner une formation en agriculture.

Carte des traités au Canada. Le traité 7 est mis en relief.

Haut de la page

1885

La Police à cheval du Nord-Ouest joue un rôle important dans la Rébellion du Nord-Ouest.

À cette époque, les Autochtones des Prairies canadiennes sont en grande difficulté. Les bisons qu’ils avaient l’habitude de chasser ont presque disparu et une grande partie de leurs terres a été cédée par traité, le tout sur fond d’arrivée massive de colons. Même son de cloche pour les Métis, eux qui dépendaient aussi des troupeaux de bisons. Ils craignent que le gouvernement ne leur enlève les terres sur lesquelles ils avaient construit leurs maisons et leurs fermes. Les deux groupes sont alors mécontents du traitement que leur réserve le gouvernement du Canada.

Certains Métis demandent au politicien en exil Louis Riel de guider leur rébellion. Riel avait déjà été à la tête du soulèvement appelé la Rébellion de la rivière Rouge, qui avait abouti à la création du Manitoba, cinquième province du Canada.

En mars 1885, un groupe de Métis remporte une bataille contre plus de 100 agents de la Police à cheval du Nord-Ouest et des citoyens volontaires armés près de la communauté de Duck Lake, dans l’actuelle Saskatchewan. Au même moment, un groupe important de Cris, n’ayant plus rien à perdre, attaque la ville voisine de Battleford. Les habitants de la ville se réfugient alors dans un poste de la Police à cheval du Nord-Ouest.

Au cours des mois suivants, des conflits éclatent un peu partout en Saskatchewan. Le soulèvement des Métis prend fin en mai, lorsque les forces militaires canadiennes s’emparent de la colonie métisse de Batoche. Louis Riel se rend et est pendu. Quelques semaines plus tard, les chefs cris se rendent à la Police à cheval du Nord-Ouest.

Bataille de Batoche, bataille décisive de la Rébellion du Nord-Ouest. Source : Sergent Grundy, The Capture of Batoche, 1885, Bibliothèque et Archives Canada.

La Rébellion du Nord-Ouest est l’événement pendant lequel le Canada va asseoir sa souveraineté dans l’Ouest. Une fois la guerre terminée, et craignant que l’achèvement du chemin de fer du Canadien Pacifique et l’augmentation du nombre de colons ne provoquent d’autres soulèvements, le gouvernement augmente le nombre d’agents de la Police à cheval du Nord-Ouest à 1 000.

Haut de la page

1887

Le premier Carrousel est organisé dans le premier manège de la Police à cheval du Nord-Ouest à Regina, en Saskatchewan. C’est alors l’occasion pour les cavaliers de la Police de montrer de quoi ils sont capables à cheval. Le Carrousel a toujours lieu aujourd’hui.

Haut de la page

1894

L’inspecteur Charles Constantine de la Police à cheval du Nord-Ouest est envoyé pour examiner les champs aurifères du Yukon, en particulier le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis. Le gouvernement s’inquiète en effet du nombre croissant de mineurs venus des États-Unis à la recherche d’or dans la région. Constantine voit bien que la loi canadienne ne s’applique pas dans le Nord : ce sont plutôt les mineurs qui semblent faire la loi. L’année suivante, Constantine retourne au Yukon avec 20 agents de la Police à cheval du Nord-Ouest. Ils installent un poste de police dans le camp minier de Forty Mile.

Agents de la Police à cheval du Nord-Ouest envoyés au Yukon. Ils ont quitté Regina le 1er juin 1895. Charles Constantine est dans la deuxième rangée, cinquième à partir de la gauche. Source : N.W.M.P., Original Contingent Leaving Regina June 1, 1895, for the Yukon, 1895, fonds Ernest Brown, archives du Yukon.

Haut de la page

1896

La ruée vers l’or du Klondike commence lorsqu’un important gisement d’or est découvert près de la rivière Klondike, au Yukon. Après la découverte, presque tous les habitants de la région commencent à affluer vers le bassin du Klondike. L’année suivante, la découverte de l’or ayant fait la une dans le Sud, des dizaines de milliers de personnes se mettent en route pour le Nord dans l’espoir de faire fortune. 

Étant donné la décision de Charles Constantine d’établir un poste de la Police à cheval du Nord-Ouest dans la région, la police est déjà en place pour maintenir l’ordre pendant la ruée vers l’or. Au cours des années suivantes, 300 agents seront affectés au Yukon.

En 1898, Constantine quitte le Yukon. Il est remplacé par Sam Steele, qui met rapidement en place des points de contrôle sur les routes menant à Dawson City, centre de la ruée vers l’or. Aux points de contrôle, les agents veillent à ce que les prospecteurs aient sur eux une certaine quantité de nourriture et de matériel afin qu’ils ne meurent ni de faim ni de froid. Les agents inspectent aussi les bateaux et les radeaux construits pour le transport sur les eaux afin de vérifier s’ils sont sécuritaires. 

Sam Steele, l’un des personnages les plus célèbres de la ruée vers l’or. Il a également eu un rôle de premier plan dans la signature du traité 7, la Rébellion du Nord-Ouest et la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique. Source : Steele and Company, Col. S.B. Steele commanding Strathcona’s Horse, no 733, 1900, Bibliothèque et Archives Canada.

Haut de la page

1897

C’est le jubilé de diamant de la reine Victoria pour le 60e anniversaire de son règne. Le 22 juin, des agents de la Police à cheval du Nord-Ouest participent au défilé du jubilé de diamant à Londres. C’est la première interaction entre la Police à cheval du Nord-Ouest et la famille royale et aussi de la première fois qu’un détachement de la police est envoyé à l’étranger.

Police à cheval du Nord-Ouest à Londres, 1897. Source : Gibbs, H. R., National Army Museum, 1974-11-59-6.

Haut de la page

1900

De nombreux membres de la Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest (un changement de nom a eu lieu en français en 1898) se portent volontaires au sein d’un nouveau régiment de l’armée appelé Lord Strathcona’s Horse, pour la guerre d’Afrique du Sud (également connue sous le nom de guerre des Boers).

Le régiment Lord Strathcona’s Horse à Ottawa, Ontario. 7 mars 1900. Source : Steele and Company, British Library, HS85/10/11271.

La même année, Aylesworth Bowen Perry est nommé sixième commissaire de la Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest. Il a à ce moment une feuille de route impressionnante :

  • il était en fonction pendant la Rébellion du Nord-Ouest en 1885;

  • il a commandé le contingent de la Police à cheval du Nord-Ouest qui s’est rendu à Londres pour le jubilé de diamant de la reine Victoria en 1897;

  • il a remplacé Sam Steele à la tête de la police du Yukon en 1899.

Pendant son mandat de commissaire, de 1900 à 1923, Perry contribuera à la modernisation et à la réorganisation de la Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest.

Aylesworth Bowen Perry. Source : A.B. Perry, Commissioner of the North-West Mounted Police, vers 1922, musée Glenbow, CU196017/NA-23-5.

Haut de la page

1903

La Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest étend son autorité au-delà du cercle arctique en établissant des postes aux endroits suivants :

  • Fort McPherson, Territoires du Nord-Ouest;

  • île Herschel, Yukon;

  • cap Fullerton, aujourd’hui au Nunavut.

Les trois postes de la Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest dans le Grand Nord.

Haut de la page

1904

En reconnaissance de 30 années de service au Canada et à l’Empire britannique, le roi Édouard VII ajoute le mot « royale » au nom du corps policier, qui devient la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest.

Haut de la page

1910

Le 21 décembre, une patrouille de quatre agents de la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest, dirigée par l’inspecteur Frances Fitzgerald et désireuse d’établir un record de vitesse, quitte le poste de police de Fort McPherson. Leur destination est Dawson City, où ils ont à livrer du courrier et des rapports, mais ils n’y parviendront jamais. Le froid intense et le manque de nourriture auront eu raison des quatre agents. Ce voyage sera appelé la patrouille perdue.

Haut de la page

1917

Après l’entrée du Canada dans la Première Guerre mondiale en 1914, le gouvernement s’inquiète de plus en plus des menaces à la sécurité nationale. La Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest prend de nouvelles fonctions de surveillance des immigrants de nations ennemies comme l’Allemagne et l’Autriche et concentre ses efforts sur la sécurité des frontières. Étant donné les responsabilités accrues, les ressources de la police peinent à rester la tête hors de l’eau, en particulier en Alberta et en Saskatchewan, où elles ont déjà beaucoup de tâches policières et administratives.        

Afin de mieux répondre à la demande, des corps policiers provinciaux sont créés dans ces deux provinces. La Colombie-Britannique, le Manitoba, l’Ontario, le Québec et Terre-Neuve disposent déjà à l’époque de leur corps policier provincial.

Le saviez-vous?

Contrairement aux États-Unis, où la responsabilité d’enquête sur les activités criminelles revient à des organismes différents en fonction de la nature du crime (FBI, services secrets, U.S. Immigration and Customs Enforcement), toutes les enquêtes criminelles au Canada reviennent à la police. 

Au Canada, il existe aujourd’hui trois niveaux de police différents :

1. Fédérale

La GRC est le corps policier fédéral du Canada. Elle est entre autres responsable d’enquêter sur le crime organisé, d’assurer la sécurité nationale et de collaborer avec les forces de l’ordre du monde entier. La GRC fournit également des services de police sous contrat à toutes les provinces et territoires, sauf le Québec et l’Ontario, ainsi qu’à de nombreuses communautés autochtones de partout au Canada. Ainsi, la GRC est le seul corps policier au monde de compétence fédérale, provinciale, municipale et même internationale.

2. Provinciale

Dans le passé, de nombreuses provinces disposaient de leur police provinciale. Aujourd’hui, seuls l’Ontario, le Québec et Terre-Neuve en sont dotés. Les polices provinciales surveillent les autoroutes provinciales (comme la 401 en Ontario et la 185 au Québec) et protègent les dirigeants provinciaux en plus de fournir des services aux villages qui n’ont pas leur corps policier.   

3. Municipale 

Presque toutes les grandes villes du Canada ont leur police. Cette police traite les affaires criminelles relevant de sa compétence. De nombreuses petites villes et ruralités n’ont pas de police, mais ont conclu des contrats avec la GRC pour combler ce besoin.

Certaines Premières Nations ont aussi leur police, bien que ce soit la GRC qui fournit des services de police dans de nombreux autres cas.

1919

Après la fin de la Première Guerre mondiale, de nombreux Canadiens ont du mal à joindre les deux bouts. Le taux de chômage est élevé, tout comme le coût de la nourriture et du logement, et les salaires de la classe ouvrière ne suivent pas. À Winnipeg, troisième ville du Canada à l’époque, les travailleurs décident de faire la grève pour obtenir des salaires décents et améliorer leurs conditions de travail. La grève générale de Winnipeg deviendra l’une des grèves les plus célèbres et les plus importantes de l’histoire du Canada.

Le matin du 15 mai, la quasi-totalité des travailleurs de Winnipeg (environ 30 000 personnes) se met en grève. Des chefs d’entreprise et des hommes politiques influents s’opposent à la grève et réussissent à convaincre le gouvernement que c’est le début d’une sorte de révolution communiste. Le gouvernement autorise la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest à contribuer au travail de répression des grévistes.

La Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest jouera un rôle de premier plan dans la fin de la grève. Elle arrête en effet plusieurs dirigeants de la grève et, le 21 juin, lorsqu’une manifestation sur l’artère principale de la ville tourne à l’émeute, elle sort les matraques et tire pour disperser les manifestants. Le nombre d’arrestations est estimé à plus de 90, alors que 30 personnes sont blessées et deux perdent la vie. La grève prend fin quatre jours plus tard et les travailleurs reprennent alors leur travail.

La Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest fonce vers la foule de la rue Main à Winnipeg lors de la manifestation du 21 juin 1919. Source : Winnipeg Riot, 21 juin 1919, Gendarmerie royale du Canada / Bibliothèque et Archives Canada, 1996-400 NPC.

Bien que la grève n’ait pas donné les résultats escomptés, elle a favorisé la solidarité entre travailleurs et donné un certain élan au mouvement syndical. L’une des figures de proue de la grève fondera un parti politique, la Fédération du commonwealth coopératif, ancêtre du Nouveau Parti démocratique.

Haut de la page

1920

La grève générale de Winnipeg, en particulier la violente émeute du 21 juin, a mis en lumière la piètre qualité de la gestion de la sécurité dans le pays. Le commissaire Perry de la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest propose donc de créer un nouveau corps policier fédéral.

Jusqu’alors, la Police du Dominion, premier corps policier fédéral du Canada, s’occupait de l’application de la loi et du service secret. La Police du Dominion a compétence partout au pays, mais est surtout présente dans l’est du Canada tandis que la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest s’occupe du maintien de l’ordre dans les Prairies et le Nord.

Le 1er février 1920, la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest fusionne avec la Police du Dominion pour former la Royale Gendarmerie à cheval du Canada. Après la fusion, le quartier général de Regina devient la Direction générale à Ottawa.

Haut de la page

1926

Un poste de la Royale Gendarmerie à cheval du Canada est installé sur la presqu’île Bache, au Nunavut. De 1926 à 1933, c’est le poste permanent le plus septentrional du monde. Le poste servait à asseoir la domination du Canada sur l’Arctique.

Haut de la page

1928

La police provinciale de la Saskatchewan est dissoute et la Royale Gendarmerie à cheval du Canada reprend les fonctions de police pour la province.

Haut de la page

1931

En décembre, des agents de la Royale Gendarmerie à cheval du Canada enquêtent sur une plainte déposée par des piégeurs autochtones des Territoires du Nord-Ouest concernant un homme appelé Albert Johnson (faux nom) qui altérait leurs pièges. Les agents qui se rendent à la cabane de Johnson sur la rivière aux Rats pour l’interroger déclenchent l’une des plus longues chasses à l’homme de l’histoire du Canada.

Johnson refuse d’ouvrir la porte, et donc les agents reviennent quelques jours plus tard avec un mandat de perquisition. Alors qu’ils tentent de pénétrer de force dans la cabane, Johnson tire sur l’un des agents à la hauteur de la poitrine. Heureusement, le policier y survivra après avoir été transporté à l’hôpital le plus proche, et un autre groupe de policiers est envoyé pour arrêter Johnson. Ce dernier les repousse à bout de coups de feu et, après un affrontement de 15 heures par −40 °C, les agents doivent battre en retraite. Lorsque la nouvelle de Johnson qui résiste seul à la police parvient aux médias, il est surnommé « le piégeur fou de la rivière aux Rats ».

Même après avoir dynamité la cabane de Johnson, la police n’a pas réussi à le capturer. Source : Cater, W. S., Albert Johnson’s cabin on Rat River, Northwest Territories (NWT) after being destroyed by Royal Canadian Mounted Police, 1932, archives Glenbow, NA-1258-114.

De retour une dernière fois à la cabane de Johnson, la police découvre qu’il s’est enfui. Il faudra plusieurs semaines pour l’attraper : Johnson était un homme d’expérience capable de se débrouiller dans la nature et de se frayer un chemin même par temps glacial et dans des milieux hostiles. Il était également très doué pour effacer ses traces. Lorsque la police le met finalement au pied du mur, Johnson tire et tue l’un des agents avant de s’enfuir de nouveau.

Cette fois, la Royale Gendarmerie à cheval du Canada fait appel à Wilfred « Wop » May, pilote de la Première Guerre mondiale, pour rechercher Johnson depuis les airs. C’est la première fois que le corps policier fédéral utilise un avion pour une chasse à l’homme. À la mi-février 1932, May aperçoit les traces de Johnson et, quelques jours plus tard, plus d’un mois après que la police s’est pointée chez Johnson pour l’arrêter, ce dernier est abattu par une équipe de poursuite de la Royale Gendarmerie à cheval du Canada.

Aujourd’hui encore, la véritable identité du piégeur fou reste un mystère.

Haut de la page

1932

Le 1er avril, la Royale Gendarmerie à cheval du Canada se réapproprie les responsabilités des polices provinciales de l’Alberta, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard.

Le saviez-vous?

Chaque province et territoire du Canada possède sa division de la GRC, le corps policier de compétence fédérale (et, le cas échéant, provinciale).

Divisions de la GRC au Canada. La Division nationale/A est responsable de la région de la capitale du Canada, qui comprend Ottawa (Ontario) et Gatineau (Québec) ainsi que la région environnante. 

Le 1er avril également, le Service maritime de la GRC est créé après une fusion avec le Service préventif des douanes canadiennes, à l’époque la version canadienne du concept de patrouille frontalière, afin de lutter contre la contrebande dans les Grands Lacs et sur les côtes du Canada. La Royale Gendarmerie à cheval du Canada utilisait déjà des bateaux bien avant la création officielle du Service maritime.

Plus tard, à la création de la Garde côtière canadienne en 1962, cette dernière reprend les responsabilités de la GRC sur les côtes, bien qu’aujourd’hui les deux organismes travaillent ensemble pour faire des patrouilles dans les eaux frontalières entre le Canada et les États-Unis.

Haut de la page

1933

Le réseau de pensionnats était en place au Canada bien avant que celui-ci ne devienne un pays à part entière. Les pensionnats arrachaient les enfants autochtones à leur foyer et à leur famille, souvent par la force, et tentaient de les assimiler à la culture et aux coutumes européennes.

Les enfants n’y étaient généralement pas autorisés à parler leur langue ou à pratiquer leur culture, et ils étaient punis si on les y prenait. De nombreux enfants y ont également été victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles.

En 1920, la Loi sur les Indiens rend obligatoire la fréquentation des pensionnats pour les enfants autochtones. En 1933, des agents de la Royale Gendarmerie à cheval du Canada sont officiellement nommés agents de surveillance aux termes de la loi. Les agents en question contribuent alors à la capture des enfants en fugue ou absents de l’école et les forcent à y retourner; c’est à ce moment quelque chose que fait déjà la police depuis le début des années 1920. La Royale Gendarmerie à cheval du Canada remet aussi des amendes aux parents qui créent de l’obstruction.

En 2004 et en 2014, les commissaires de la GRC présenteront des excuses pour la participation du corps policier fédéral au régime de pensionnats.

Haut de la page

1937

Dès 1919, le commissaire Perry propose à la Gendarmerie d’utiliser des avions pour se déplacer entre les localités éloignées du Nord et pour patrouiller sur les côtes canadiennes. Ce n’est cependant qu’en 1937 que la Royale Gendarmerie à cheval du Canada achète ses avions et crée le programme du Service de l’air.

Quatre de Havilland Dragonfly, premiers avions achetés pour le Service de l’air de la Royale Gendarmerie à cheval du Canada. Source : Halford, R. G., The first Air Service de Havilland at Downsview, Ontario, 4 mai 1937, collection Halford/CANAV Books.

Haut de la page

1940

La goélette de la Royale Gendarmerie à cheval du Canada St. Roch entame le 23 juin son voyage historique de Vancouver jusqu’à Halifax, où elle arrivera deux ans plus tard, le 11 octobre 1942. Ce sera le premier bateau à franchir avec succès le passage du Nord-Ouest vers l’est.

Le 2 juillet 1944, le St. Roch quitte Halifax et retraverse le passage vers Vancouver, où il arrivera le 16 octobre 1944. Ce deuxième voyage fera du St. Roch le premier bateau à franchir le passage du Nord-Ouest dans les deux sens et le premier à le traverser en une seule saison.

Le St. Roch au départ d’Halifax en 1944. Source : Matthews, J. M., 1944, archives de la Ville de Vancouver, AM54-S4- : LP 143.

En 1950, le St. Roch part de Vancouver vers le sud et longe la côte des États-Unis et du Mexique jusqu’au canal de Panama, puis à Halifax. Il devient ainsi le premier bateau à faire le tour complet du continent nord-américain.

Les trajets du St. Roch par le passage du Nord-Ouest et le canal de Panama.

Haut de la page

1949

Une modification législative entraîne le changement de nom de l’organisation en français pour celui pour lequel on la connaît aujourd’hui, Gendarmerie royale du Canada.

Haut de la page

1966

La formation équestre n’est plus obligatoire pour les agents de la GRC. Elle est depuis réservée aux membres du Carrousel.

Haut de la page

1967

David Lawrence Harding, le premier membre noir de la GRC, commence sa formation le 30 juin. Harding ne restera pas très longtemps dans l’organisation (moins de deux ans). En 1969, Hartley Gosline devient le deuxième membre noir de la GRC. Il restera agent pendant près de 10 ans.

À cette époque, la GRC n’est pas très diversifiée. Au moins deux autres hommes noirs avaient posé leur candidature quelques années auparavant, sans succès. Gosline se remémore les cas de racisme pendant qu’il était à la GRC, mais on le voyait tout de même comme un défricheur, en particulier les membres de la communauté majoritairement noire où il a fait ses premières dents. Il a ouvert la porte pour d’autres Canadiens noirs désireux de faire partie de la GRC.

Haut de la page

Hartley Gosline. Source : ‘Be white by 6 AM’: 50 years on, the ‘first’ Black Mountie reflects on his decade in scarlet, 2019, Global News. https://globalnews.ca/news/4985100/black-mounties/)

1969

En mars, la dernière patrouille de la GRC en traîneau à chiens quitte le Yukon pour les Territoires du Nord-Ouest.

En 1994, on frappe un dollar spécial en argent en hommage au 25e anniversaire de cette patrouille.

Dollar commémoratif en argent pour le 25e anniversaire de la dernière patrouille en traîneau à chiens de la GRC. Source : 1 Dollar – Elizabeth II, RCMP Northern Dog Team Patrol, Numista.

Haut de la page

1973

Afin de recruter plus d’agents autochtones et d’améliorer les services de police dans les communautés autochtones, le Programme des gendarmes spéciaux des bandes voit le jour.

Jusqu’à ce moment-là, il n’y avait que des agents de la GRC qui s’occupaient du maintien de l’ordre dans les réserves, avec l’aide d’agents des bandes autochtones. Ces agents n’étaient pas des policiers, n’étaient pas autorisés à porter des armes et n’avaient pas la même autorité. Ce sont des personnes de la communauté que cette dernière même a embauchées pour faire respecter ses lois, qui sont différentes des lois canadiennes, et appeler la police en cas de besoin.

Au fil du temps, les communautés autochtones ont voulu reprendre une emprise sur leurs services de police. C’est ainsi qu’est créé, en 1973, le Programme des gendarmes spéciaux des bandes. Dans le cadre de ce programme, des Autochtones sont recrutés et formés par la GRC en tant qu’agents spéciaux qui font la police dans les réserves.

Les Autochtones travaillaient comme agents spéciaux à la GRC depuis de nombreuses années, mais désormais, ceux qui intègrent le programme peuvent porter des armes et procéder à des arrestations, même s’ils ne sont pas encore considérés comme des membres à part entière. Ils sont généralement moins bien payés et parfois traités comme des citoyens de deuxième ordre par les autres agents de la GRC. Pendant longtemps, ils ne seront pas autorisés à porter la fameuse tunique rouge.

En 1989, les agents spéciaux autochtones sont convertis en membres réguliers et obtiennent donc le même statut que tous les autres policiers de la GRC.

Haut de la page

1974

La GRC commence à recruter des femmes. Cette année-là, près de 300 femmes se portent candidates et, en septembre, le premier groupe entièrement féminin commence sa formation. Les agentes obtiendront leur attestation six mois plus tard, le 3 mars 1975.

Haut de la page

1982

Shelley Peters Carey intègre la GRC. C’est la première femme noire policière, suivie par Andrea Lawrence en 1987. Le père de Carey, Walter Peters, a été le premier pilote de chasse noir à rejoindre l’Aviation royale du Canada en 1961.

Shelley Peters Carey. Source : Smith, C. M., First black female Mountie pushes for more diversity in senior positions, 2017, CBC News. https://www.cbc.ca/news/canada/nova-scotia/first-black-female-mountie-pushes-for-more-diversity-in-senior-positions-1.4015638

Haut de la page

1991

Baltej Singh Dhillon devient le premier membre de la GRC à porter un turban.

Lorsqu’il pose sa candidature en 1988, le code vestimentaire de la GRC interdit les turbans et exige que tous les membres portent un stetson dans leur uniforme. Dans la religion sikh, dont faisait partie Dhillon, le turban est obligatoire, et il ne voulait ni sacrifier ses convictions religieuses ni renoncer à son rêve de devenir membre de la GRC. Il a plutôt demandé au commissaire de la GRC de modifier la réglementation concernant les uniformes.

En 1990, le gouvernement du premier ministre Brian Mulroney annonce une modification du code vestimentaire de la GRC de manière à ce que les sikhs puissent porter des turbans. En 1991, Dhillon finit sa formation et devient agent de la GRC. Il a travaillé au sein de l’organisation pendant 27 ans.

Haut de la page

Baltej Singh Dhillon portant l’uniforme de la GRC. Source : Dhillon, B. S., L’affaire Baltej Dhillon, 2019, L’Encyclopédie canadienne.

2012

La reine Elizabeth II fête ses 60 ans de règne. Des membres de la GRC se rendent à Londres à l’occasion de son jubilé de diamant. Ils participent là-bas à la Relève de la garde et passent 24 heures à cheval à garder la façade du palais de Buckingham. C’était la deuxième fois que la GRC était invitée à célébrer cette cérémonie, la première ayant eu lieu en 1897 à l’occasion du jubilé de diamant de la reine Victoria.

Haut de la page

2017

Le Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et l’industrie de la GRC est créé dans le contexte des manifestations contre les oléoducs et les gazoducs en Colombie-Britannique. De 2019 à 2021, le Groupe mène des raids lourdement armés contre des écologistes et certains membres de la Première Nation Wet’suwet’en qui s’opposent à la construction du gazoduc Coastal GasLink sur leurs terres ancestrales. Il participe également à l’arrestation de manifestants à Fairy Creek, sur l’île de Vancouver, qui s’opposent à l’exploitation des forêts anciennes de la région.

En mars 2023, l’organisme de contrôle externe de la GRC ouvre une enquête sur les actions du Groupe. L’enquête est toujours en cours en 2024.

Haut de la page

2020

La commissaire de la GRC, Brenda Lucki, publie une déclaration confirmant l’existence du racisme systémique au sein de la GRC.

[L]e racisme systémique fait partie de toutes les institutions, la GRC y comprise. Au cours de notre histoire, nous n’avons pas toujours traité les personnes racisées et les Autochtones de façon équitable, et c’est toujours le cas aujourd’hui.

Le racisme systémique ne désigne pas le comportement ou les gestes d’une seule personne. Le racisme systémique s’inscrit dans les structures organisationnelles teintées de certaines iniquités qui persistent dans notre société. Et il se manifeste dans des politiques, des processus et des pratiques qui peuvent sembler neutres au premier regard, mais qui en réalité désavantagent des personnes ou des groupes racisés.

[…]

Les Canadiens apprécient que la GRC souligne la bonne conduite des personnes qui traitent les autres avec dignité et respect et qui rendent les communautés meilleures.

La GRC ne tolèrera pas que des membres n’adhèrent pas à ses valeurs fondamentales, et ceux-ci devront rendre des comptes à cet égard.

En tant qu’institution engagée dans un projet de modernisation, la GRC est déterminée à écouter et à respecter les expériences vécues par autrui et à continuer d’apprendre de ces conversations. C’est ce qui ouvrira la voie à un réel changement.

– Brenda Lucki, commissaire

Source : Déclaration de la Commissaire Brenda Lucki, 2020, Gendarmerie royale du Canada, https://www.rcmp-grc.gc.ca/fr/nouvelles/2020/declaration-commissaire-brenda-lucki.

Haut de la page

2022

Quatre membres du Carrousel de la GRC dirigent le cortège funèbre de la Reine Elizabeth II à Londres, illustrant la relation étroite qu’entretenait la Reine avec la GRC.

Des agents de la GRC à cheval pendant le cortège funèbre de la Reine Elizabeth II le 19 septembre. Source : Nathan Denette, 2022, La Presse canadienne.

Haut de la page

2023

La GRC a connu des moments difficiles pendant la majeure partie des années 1990 et au début des années 2000. Complots, scandales, allégations de harcèlement, recours excessif à la force, tout y était pour que l’opinion publique à l’égard des forces de l’ordre en prenne pour son rhume au tournant du nouveau millénaire.

Ces dernières années, la GRC a commencé à se pencher sur les actions de ses membres en vue d’améliorer sa réputation. Plusieurs rapports ont été déposés et plusieurs enquêtes ont été menées à l’interne comme à l’externe :

  • Rétablir la confiance : rapport du Groupe de travail sur la gouvernance et le changement culturel à la GRC (2007)

  • Le rôle de la Gendarmerie royale du Canada sous le régime des pensionnats indiens (2011)

  • Réclamer notre pouvoir et notre place : le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (2019)

  • Rêves brisés, vies brisées : Les effets dévastateurs du harcèlement sexuel sur les femmes au sein de la GRC (2020)

  • Évaluation des mesures de réconciliation de la Gendarmerie royale du Canada (2022)

  • Rapport sur le harcèlement en milieu de travail à la GRC (2022)

En 2023, la GRC célèbre son 150e anniversaire. Pour l’occasion, elle publie un plan stratégique de modernisation intitulé Vision150 et au-delà. Dans le cadre de ce plan, la GRC continue de changer et d’évoluer pour un avenir meilleur.

Haut de la page

2024

Sous l’impulsion de femmes autochtones au sein de la GRC, le code vestimentaire de l’organisation est modifié et inclut dorénavant les jupes à rubans autochtones. Ces jupes peuvent faire partie de la tenue de cérémonie des agentes autochtones qui choisissent de les porter.

Sergente Kelly Willis, membre de la nation crie de Chisasibi, au Québec, et fondatrice du Réseau des femmes autochtones, portant la tunique rouge et la jupe à rubans. Source : Renseignements supplémentaires sur l’ajout de la jupe à rubans à la tenue de cérémonie approuvée pour les membres autochtones de la GRC, 2024, Gendarmerie royale du Canada, https://www.rcmp-grc.gc.ca/fr/nouvelles/2024/renseignements-supplementaires-lajout-jupe-a-rubans-a-tenue-ceremonie-approuvee?fe=.

Haut de la page